Ribéry à l'OM: Un choix judicieux ?

Selon toute vraisemblance, et malgré une forte zone de turpitudes durant la Coupe du Monde, Franck Ribéry devrait rester une saison de plus à l’OM. Une décision à la fois surprenante et pas si illogique que cela lorsqu’on l’examine dans une optique un peu plus lointaine.

«Je reste sous les couleurs de Marseille en attendant le mercato de fin d’année et mieux étudier les éventuelles propositions.» Lors d’une interview accordée il y a quelques jours à un quotidien algérien El Watan, Franck Ribéry l’avait enfin affirmé : oui, la révélation française de la dernière saison continuerait bien à évoluer la saison prochaine au stade Vélodrome, et ce pas uniquement dans le cadre du déplacement de Lyon sur les bords de la Méditerranée. Une déclaration faite sur son lieu de vacances qu’il fallait alors prendre avec des pincettes. Sauf que depuis, celle-ci a pris de la consistance avec les déclarations de son agent, Bruno Herdeischeid, confirmant bien que son joueur n’avait plus l’intention de partir. Les sirènes de Jean-Michel Aulas auront donc été vaines, l’OL de Gérard Houllier ne pourra pas compter sur le feu follet olympien pour animer son attaque et pallier un éventuel départ de Sidney Govou. Pourtant, au vu des déclarations du Boulonnais durant le Mondial, la cause semblait entendue. Avec une proposition de salaire avoisinant les 300 000 euros nets et la perspective de disputer la Ligue des Champions, le quintuple champion de France rhodanien paraissait avoir définitivement conquis le cœur de Ribéry. Et puis les différentes joutes verbales entre Diouf et Aulas d’une part, et l’intérêt grandissant de certains grands clubs européens au vu de l’excellente Coupe du Monde qu’il a réalisée, l’ont finalement conduit à revoir sa position.

Pas envie d’un conflit

En effet, Ribéry sait tout ce qu’il doit à l’OM. Déboulé en Ligue 1 comme une étoile filante, le modeste joueur de National à Brest n’avait eu besoin que de six mois à Metz pour faire parler de lui et impressionner les observateurs par son extraordinaire capacité à percuter et transpercer n’importe quelle défense. Néanmoins, attiré par les propositions financières venues de Galatasaray, le Messin ne prenait pas le temps de grandir tranquillement et filait à la turque dans un environnement qu’il ne connaissait pas. Et qui n’allait pas être loin de lui couper les ailes définitivement. En juin 2005, après 14 matches et aucun but marqué sous ses nouvelles couleurs, le constat d’échec est là, latent. Sa cote est retombée. Sa carrière compromise. Pas aux yeux des recruteurs marseillais cependant, qui croient encore en son talent et qui le font venir sur la Canebière pour se relancer. Bien leur en prenait puisque Ribéry allait littéralement exploser sous le maillot olympien, avec l’apothéose finale que l’on connaît en Allemagne. Du coup, il paraissait évident que le joueur, adulé au Vélodrome, ne souhaitait pas aller au clash avec un club qu’il aime. A partir du moment où Diouf déclarait donc que sa star n’irait pas à l’OL, on ne voyait pas le Nordiste imposer un bras de fer à ses dirigeants. Tout juste a-t-il émis le désir, logique et compréhensible, de rejoindre le champion de France, sans émettre d’ultimatum. Le souvenir de son départ trop rapide de Metz est-il aussi ancré dans un coin de sa mémoire, et reproduire la même erreur de nature à l’inquiéter. Même si, à ce niveau, il apparaît évident que l’aventure stambouliote, ô combien incertaine, n’a que peu à voir avec celle d’une arrivée dans la capitale des Gones, où sa place de titulaire était assurée.

A Arsenal dans un an ?

Toujours est-il que cet argument, peut-être léger pour expliquer son renoncement à partir à Lyon, a dû certainement davantage jouer dans son envie de ne pas tenter tout de suite une nouvelle expérience à l’étranger. Manchester United, le Bayern Munich, le Milan AC ou Arsenal se sont ainsi tour à tour montrés intéressés par la venue de l’international tricolore… Mais le risque d’un séjour prolongé sur le banc était grand au sein de tous ces véhicules à stars du ballon rond. Alors pourquoi aller tenter le diable ailleurs, au lieu de sagement confirmer au sein d’un club dont le prestige, bien qu’écorné, demeure encore très vivace ? Peut-être car le recrutement marseillais ne l’a pas séduit ? Sans doute. Ribéry a déjà à maintes fois affirmé son désir de viser le titre de champion de France et que l’équipe ne repose pas sur ses seules épaules. Or, au vu des matches de préparation et de la double confrontation avec Dniepropetrovsk en Coupe Intertoto, pas sûr qu’il soit rassuré à ce niveau-là. A moins que l’arrivée de Djibril Cissé, même si celui-ci ne sera pas opérationnel avant quelques mois, ne lui donne de grands espoirs. Et surtout, la rumeur Sol Campbell à Marseille semble devoir être l’élément principal de cette volte-face.

Diouf veut s’expliquer

En effet, même si rien n’indique que la venue du défenseur anglais soit acquise, plusieurs pistes paraissent cependant indiquées une signature proche. En particulier le fait qu’Arsenal laisse son joueur libre et que club soit prêt à lui verser un gros chèque pour résilier son contrat, ce qui apparaît aujourd’hui comme deux beaux cadeaux offerts à l’OM, qui pourrait alors obtenir de Campbell qu’il revoit ses émoluments mensuels à la baisse. En échange, car rien n’est gratuit dans l’univers du football, les Gunners aimeraient déjà négocier la venue de Ribéry en 2007, dont le tarif se situerait dans la fourchette des 30 à 40 millions d’euros. Une stratégie non dénuée de pertinence de la part du club britannique, et qui pourrait tout à fait convenir à toutes les parties. Ribéry disposerait d’une saison de plus pour progresser dans un environnement tout acquis à sa cause, et Diouf conserverait le joueur clé de son effectif, faisant aussi oublier un peu au passage le départ mal géré de Didier Drogba il y a deux ans. En attendant, le président marseillais confiait, sur le site du club, son intention de rencontrer son joueur dès son retour de vacances à Marseille : «A son retour, je crois que la première démarche qu’il entreprendra sera de renouer avec son entraîneur, qui est de plus un nouvel entraîneur même s’il était déjà au club. Il reprendra ensuite sa vie au sein du groupe, en rencontrant ses camarades et en rencontrant le directeur sportif… Et compte tenu d’un certain nombre d’événements survenus lors de l’intersaison, il aura très probablement aussi une discussion avec moi, pour dissiper des malentendus, si malentendus il y a, ou des incompréhensions.» Comme quoi, pour une fois, tout semble parti pour rentrer dans l’ordre dans l’univers impitoyable de l’OM.

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